Le travail de Marin Martinie s’appuie sur une forte pratique du dessin et se partage entre le film d’animation expérimental, l’édition et l’installation. Son dessin est fondé sur l’improvisation et la répétition, explorant la malléabilité et le mouvement des formes. Il est nourri par une réflexion sur la place du personnage dessiné dans l’imaginaire collectif contemporain et son utilisation par la société marchande, entre médias de masse, culture internet et capitalisme numérique.
Marin Martinie considère le dessin comme une forme d’écriture visuelle. Il privilégie une approche instinctive de la création, laissant émerger les formes sur le papier ou l’écran, en cherchant à partager avec le public le plaisir d’un dessin « par association ». Dans ses carnets, il a développé un bestiaire personnel composé de créatures étranges (gnomes, pantins, objets personnifiés ou animaux). Il met en scène ces figures dans des compositions improvisées, employant certains codes narratifs issus de la bande dessinée, ainsi que des motifs provenant du graphisme publicitaire, du dessin de presse ou de la signalétique. En animation, il essaye d’articuler différentes qualités de vibrations du trait, jouant sur la tension entre mouvement et fixité, ce qui renvoie autant à l’élan vital qu’à une certaine angoisse de la mort.
Depuis 2020, Marin Martinie approfondit sa réflexion théorique dans le cadre d’une thèse de recherche-création dans laquelle il étudie la façon dont les « toons », personnages emblématiques de l’industrie nord-américaine du dessin animé, reflètent, dans des formes de comédies sérielles basées sur la violence, certaines dynamiques sociales et économiques.
Dans le cadre de la résidence de création à Pollen, Marin Martinie a déployé son travail de dessin sur de nouveaux supports, en explorant le passage du personnage figuratif vers la forme abstraite, lorsque les créatures se changent en objets sculpturaux pour habiter l’espace d’exposition…