Michelle ALLARD

Artiste en résidence à Monflanquin de mars à juin 2005.
Née en 1973 . Elle vit et travaille à Toronto (Canada).

Michelle ALLARD s’interroge sur les liens qui unissent un objet à un contexte et les équilibres fragiles qu’ils établissent l’un envers l’autre.

Ses interventions, indissociables des espaces qu’elle investit, s’emploient à déstabiliser la définition des éléments  » en présence  » en révélant leurs potentiels. Michelle ALLARD nous donne à lire des formes élaborées à partir de matériaux simples (polystyrène, bois, carton, mousse polyuréthane, moquette, pvc…) Elle les agence en exploitant leurs qualités et les met en situation comme on met en scène. Les  » scénarios plastiques  » qu’elle propose articulent d’une manière globale matière et environnement. Ils séduisent autant par leur simplicité que par leur subtilité. Son travail, en nous soulignant la perception instable que nous avons de notre environnement, questionne sur les  » outils de la création « .

Denis DRIFFORT

Chez Michelle ALLARD, tout commence d’abord par un constat. Chez elle, la prolifération a valeur de programme. A peine un élément est-il posé qu’il se voit multiplié.
Cette prolifération, il ne faut pas la confondre avec un foisonnement incertain de repères, ni un affolement déraisonnable de cellules. Tout est certes ouvertement disséminé, mais, d’un autre côté, tout est nécessairement lié.
Il s’agit d’opposer à l’unification et à la centralisation qui sont souvent des impasses et des clôtures empêchant tout prolongement et développement, l’événement d’une multiplicité changeante dont le fonctionnement s’articulerait autour d’une inventivité des relations et des conjonctions.
La prolifération s’élabore ainsi selon un principe d’organisation qui répond d’abord à une question technique et vise à résoudre les problèmes pratiques entraînés par l’accumulation et l’extension et se double aussi d’une dimension poétique par la variabilité et l’étrangeté de ses résonances.
L’organisation n’est pas envisagée comme un phénomène négatif de perturbation, de parasitage ou de blocage, non plus comme le signe d’une pathologie, d’un mal qu’il faudrait soigner, qu’on pourrait guérir ou améliorer selon des thérapeutiques adéquates, mais comme un phénomène positif qui peut et doit servir de point d’appui à des propositions d’échange, de réciprocité et de négociation. Il serait pourtant bien trompeur de croire que cette organisation rend les choses plus simples. Tout est clair mais rien n’est évident ; tout est rigoureux mais rien n’est immobile ; tout se donne mais finalement rien n’est disponible. Michelle ALLARD nous confronte à un monde de souvenirs, de rêves, de pulsions et de phantasmes. S’y cristallisent l’organique et l’inorganique, le déterminé et l’indéterminé, le flux de la matière et les énergies obscures. Il faut accepter le rapport difficile du sens et du non-sens pour comprendre ces positions d’équilibre qu’ensemble ils suggèrent sans fin, en rapprochant deux pôles contraires qui s’éclairent mutuellement.
D’un côté, ces formes indéfinissables, qui peuvent sembler abstraites, soumises à la multiplicité et par là empreintes d’une certaine violence. De l’autre, ces formes identifiables, qui se dégagent de l’obscurité et deviennent étrangement des amorces de fiction.
Les unes et les autres sollicitent l’espace, se nourrissent de lui et le relancent sans cesse comme un coureur à bout de souffle mais qui sans cesse se mobiliserait pour s’élancer à nouveau.

Didier ARNAUDET

Michelle ALLARD
Artiste en résidence à Monflanquin
de mars à juin 2005
Catalogue 16 pages + couverture couleurs – 21 x 16 cm
Epuisé
Texte Didier ARNAUDET