Olivier LEROI

Artiste accueilli en résidence de février à avril 1994, Olivier LEROI vit et travaille à Nançay dans le Cher.

La part de secret

Chez Olivier LEROI, ce qui frappe d’abord, c’est la modestie du propos. Il ne s’applique pas sur le rien mais sur le presque rien et ce n’est pas chez lui une différence minime. Il s’intéresse aux intervalles, aux fissures, à certains rythmes mais sans pour autant s’inscrire dans la logique des harmonies ou des dissonances. Olivier Leroi dessine sur papier ou assemble des objets, des matériaux et des signes, et fabrique d’étranges sculptures, sans insistance, avec une juste légèreté et une retenue sereine. Sa démarche ne bouscule pas les conventions mais les utilise, s’appuie sur elles, s’en accommode à sa manière et, en définitive, va beaucoup plus loin qu’elle n’en a l’air.
De cette modestie, se dégage comme une sagesse. Mais contraire à toute leçon, à tout désir didactique. Sagesse s’entend ici comme un art de voir, d’approcher et de capturer. L’humour de bon aloi, jamais incisif Olivier LEROI gratte de l’ongle la matière du monde. Son oeuvre est inséparable de sa vie. Ce qu’il rencontre, ce qu’il partage, ce qu’il éprouve, cette cohésion de la pensée et de sa forme le plus simple : c’est de cela qu’il tire le sens de ses dessins et de ses sculptures.
On pénètre donc dans un paysage à la fois étrange et familier. L’attention que porte Olivier LEROI à tout ce qui ne pèse pas, à tout ce qui suggère l’envol, l’évanescence, une certaine prédilection pour les traces et les indices, les pleins et les vides, un intérêt pour les états transitoires, tout cela manifeste le souci de saisir l’existence dans sa réalité la plus insaisissable. Il ne cherche ni à fuir le réel ni à tendre vers le domaine du rêve. Il désire expérimenter un contact direct avec des éléments naturels et imaginaires et sait rendre la fraîcheur des impressions ressenties. Il ne se contente donc pas de dire un présent palpable. Il souhaite aussi s’aventurer dans l’univers intérieur par les voies périlleuses de la fantaisie, du merveilleux et du fantastique. Pour Olivier LEROI, il ne s’agit pas de s’interroger sur le fil ténu qui conduit à ces images et à ces formes en se demandant si elles appartiennent à la fiction ou au réel, mais d’en capter le glissement d’un territoire à l’autre. Pas question non plus d’ausculter leur souffle pour tenter d’en connaître la qualité de vérité ou d’illusion, mais voir plutôt si l’on peut en surprendre la part de secret sans renoncer à cette lucidité qui écarte des facilités récréatives et anecdotiques.

Didier ARNAUDET

Edition réalisée dans le cadre de la résidence à Pollen – Epuisée –
Plaquette 8 pages – 11×22 cm
Texte : Didier Arnaudet