Asako TOKITSU
Artiste accueillie en résidence à Monflanquin en été 1997.
Elle est née en 1965 à Tokyo.
Le travail d’Asako TOKITSU présenté au Musée d’Agen consiste en une installation au sol de dessins dont on voit le revers. La face dessinée est tournée vers le sol. L’ensemble se développe sur toute la surface d’exposition, à partir d’un centre choisi par Asako, non pas dans une perception mathématique de l’espace, mais physique.
Sur ce centre, se trouve une série de cent vingt et un dessins carrés sur contre-plaqué, empilés pour former une tour creusée en son milieu jusqu’au sol. A cette forme aux visions architecturales et monumentales s’oppose la surface plane des dessins sur papier artisanal qui se déroule selon un développement en spirale.
La vision très géométrique de cette intervention au sol renferme plusieurs dimensions. La première perception à l’approche de la salle d’exposition est celle d’un espace construit sur l’opposition entre la monumentalité de la tour centrale et l’expansion plane et illimitée des dessins au sol. Asako est une artiste à l’approche sensuelle du monde. Ses vibrations vont plutôt du côté de la danse que de la peinture. C’est pourquoi, cette antinomie entre l’immobile et le devenir est pour elle comme la vie, faite de principes fondamentaux à partir desquels s’organise l’existence en perpétuelle création. Dans ce sens, elle se rapproche beaucoup de la perception du monde des philosophes présocratiques.
L’image héraclitéenne de l’existence s’écoulant comme l’eau d’un fleuve, se retrouve dans le processus artistique d’Asako TOKITSU. Chaque jour en effet, elle s’efforce de dessiner. Les formes se déploient en intégrant le mouvement de son état physique et moral.
Cette production quotidienne à la manière d’un journal de bord constitue les traces de sa vie et la matière de sa réflexion d’artiste.
Comment rendre sensible l’autre à sa vision du monde ? Cette volonté de perception par l’autre de sa propre vie est un enjeu visiblement déterminant. Le travail d’Asako TOKITSU n’est pas simplement ex-posé, au sens d’une oeuvre apportée et placée dans un lieu.
Elle construit dans l’espace d’exposition une architecture de perception de sa vie. Les lignes de ses dessins quotidiens sont présentées la face au sol. Le visiteur effectue un cheminement pour sentir avec ses pieds les dessins qu’il ne voit pas.
Incontestablement, l’oeuvre d’Asako TOKITSU n’est pas qu’une oeuvre du regard. L’artiste nous oblige à rentrer dans son travail par tous nos sens.
Yannick LINTZ
Conservateur du Musée des Beaux-Arts d’Agen
Asako TOKITSU
Catalogue 12 pages + couverture – 16 x 21 cm
4 photographies
Texte Y. Lintz
Epuisé