Bertrand DIACRE-PIEPLU
Artiste accueilli en résidence de mars à juin 2000.
Né en 1973. Il vit et travaille à Paris.
L’espace se propose soudain dans une définition séduisante mais insuffisante à qui souhaite ne pas se contenter de son expérience immédiate. Celui qui le pénètre demande donc à voir. Il n’a pas d’autre choix que celui de l’image. Pourquoi d’ailleurs douterait-il de son regard ? Il a cette curieuse impression d’inadéquation à la chose vécue, à la circonstance. Il avance dans ce vide, dans sa lumière particulière. L’image prétend maintenir ouverte la relation avec la réalité des choses et la parole poétique. Mais dans les sortilèges qu’elle suggère, il n’a pas de mal à reconnaître l’artifice et les risques du mensonge. D’où ce désir de rectifier, d’élaguer mais aussi d’effacer les limites et de refuser les fortes récurrences. Une dualité sans remède s’instaure entre ses rêves et sa condition existentielle. Il s’entend alors dire :
– Cette lumière coule d’une source trop vive pour s’en tenir là. Il tente de comprendre, de saisir la qualité de l’échange entre cette lumière et la présence d’une respiration qui à la fois éclaire et aveugle. Dans cet échange, le proche s’invente de lointaines perspectives, l’étrange se laisse surprendre au cœur du familier. L’écran qui sans cesse s’opacifie et se fluidifie s’impose comme une durée. Une durée qui donne à voir.
D’abord, il ne semble pas vouloir répondre aux questions posées par la voix. Peut-être parce que la voix n’est pas identifiable. Mais la voix insiste et son exigence a quelque chose de singulier. – Cette respiration, n’est-elle pas une question vraie qui invite à penser ?
– La pensée n’a sans doute pas pour tâche de s’en éloigner mais d’être à l’écoute, grâce à elle, de l’infini qui annule toute prétention de clôture.
– Peut-on la considérer comme une possibilité d’ouverture sur le monde ?
– Le monde n’est plus nié mais contemplé et donc absorbé par le regard. Le monde se découvre ainsi selon une dimension primordiale : celle de la rencontre avec l’autre.
Cette respiration, c’est aussi celle du corps. De la conscience du corps. Entre le dedans et le dehors, l’évidence et l’insaisissable, l’immanence et la transcendance, la substance et la transparence, ce corps appelle un espace qui n’est pas celui d’une énigme qu’on pourrait peu à peu résoudre, mais celui d’une interrogation aussi pressante qu’imprécise que le regard a pour tâche d’approfondir et non pas de réduire.
Il cherche à établir une distance nécessaire pour faire apparaître les ressources profondes du corps et de la pensée. Il se retrouve donc tour à tour engagé et désengagé. Il en retire un bonheur désintéressé et lucide, et retourne ensuite à son quotidien.
Didier ARNAUDET
Bertrand DIACRE-PIEPLU
Artiste en résidence à Monflanquin
de mars à juin 2000
Catalogue 12 pages + couverture – 16 x 21 cm
28 photographies – Epuisé
Texte : Didier ARNAUDET