VIRGINIE CAVALIER

« Par des gestes de soin, d’empathie, d’apaisement ou de recueillement, la pratique de Virginie Cavalier nous reconnecte aux animaux, végétaux et minéraux… Elle répare ainsi les liens distendus, rompus ou aliénants, censés nous unir au vivant, et nous amène à reconnaître notre appartenance à l’écosystème. (…) En premier lieu, l’œuvre de Virginie Cavalier repose sur notre faculté à embrasser la vie sur Terre, et à élargir la conception que l’on s’en fait, au-delà des représentations anthropocentriques. On parlera chez elle de « biocentrisme », c’est-à-dire d’une perception de l’existence qui dépasse le « chauvinisme humain » focalisé sur nos seuls intérêts, pour nous resituer comme une espèce parmi d’autres dans la communauté des vivants. L’autre point essentiel de la sensibilité de Virginie Cavalier tend à épouser « la vulnérabilité et la précarité » de la vie, et à rendre « grâce » à notre condition mortelle – que l’on partage donc avec les autres formes vivantes, et qui nous en rapproche. Pour ce faire, tout commence hors de l’atelier : sortir dans les montagnes et les forêts, afin d’y glaner des matières naturelles et animales (poils, ossements, peaux…), à partir desquelles se construiront sculptures, objets rituels et installations. Dans cette collecte, Virginie Cavalier s’apparente à une pisteuse, à une chasseuse, ou à une écologue qui arpente le terrain, et prend le pouls des espèces qui y laissent leurs traces. Tout passe par « l’attention et la marche lente », seules capables de saisir ces infimes indices…».

Extrait du texte « Fusionner corps et âme avec le vivant » de François Salmeron, critique d’art
membre de l’AICA-France, commandité en 2022 par la Maison des arts Georges & Claude
Pompidou, Cajarc.